Dès les premiers jours de la révolution, de nouveaux objets apparaissent, qui s’ajoutent, se superposent aux objets familiers, lesquels disparaissent aussitôt ou prennent un autre statut. Très vite après Octobre 1917, le nouveau pouvoir interdit certaines choses, trop symboliques de l’ancien régime, et en impose de nouvelles, idéologiquement plus conformes.
Fusils, revolvers, haches, mitrailleuses, bouilloires, wagons, besaces, torches de copeaux, ballons, brosses à dents, mais aussi – entre autres marques de la contre-révolution – bas de soie, poudre de riz, parfums, rouge à lèvres, les objets de cet apparent «fourre-tout » assemblent le puzzle d’une Russie devenant soviétique.
Conçu à la manière d’un catalogue type « Armes et cycles de Saint-Étienne » ou « Chasseur français» années vingt, ce livre brosse aussi, à travers l’inanimé, le portrait du parfait révolutionnaire ou contre-révolutionnaire.
« Commémorer le centenaire des révolutions russes par le prisme des objets, il fallait oser! Pari tenu avec ce livre aussi beau qu’original égrenant dix « catalogues », un par an, pour brosser le portrait du parfait révolutionnaire ou contre-révolutionnaire. Armes, argent, bagagerie, emblèmes, étendards, excitants, instruments, jeux, livres, nourriture, objets du culte, vêtements, chaussures, produits de beauté… Leur usage, leur apparition, ou leur disparition, donne une vision impressionniste de l’évolution d’une Russie devenant soviétique.
En 1917, la baïonnette symbolise toutes les armes. En 1919, les bolcheviks s’approprient la boudionovka,bonnet pointu des soldats de l’armée impériale. En 1920, les bas et la lingerie font partie de la « ration » des tchékistes. En 1921, ont réapparu à Moscou les vendeurs de pirojki, petits pâtés fourrés à l’oignon. Les anecdotes le disputent aux repères historiques, c’est extra. » Delphine Peras, L’Express, 6 décembre 2017
En coédition avec les éditions Nouveaux Angles (Moscou)