Description
Rares sont les récits de voyageurs étrangers qui évoquent en détail les steppes (le mot « steppe » était alors masculin en français) du sud et de l’ouest de l’Empire de Russie à la fin du XIXe siècle et au début du XXe, avant les bouleversements révolutionnaires. En cela – entre autres – le livre de Victor Tissot (1844-1917), journaliste et écrivain suisse, dont nous rééditons un extrait, est précieux. Ces steppes, il les a parcourues dans leur partie cultivée, alors en plein essor, et dans leur partie sauvage. Il en décrit la faune, la flore, la vie quotidienne, évoque ses échanges avec des « locaux ». Il compare – quand la chose est possible – la production agricole et les activités commerciales avec celles de la France, sans – peut-être parce qu’il est suisse – le ton supérieur que l’on trouve souvent dans ce type de comparaison.
Puis Victor Tissot se rend à Kiev (qu’il écrit Kiew, comme beaucoup à l’époque) et s’y « promène à l’aventure ». Il observe le mélange de population, évoque les odeurs, les couleurs, décrit les commerces, dont nombre lui paraissent des plus exotiques. Il flâne sur un marché, visite la vieille ville « religieuse », avec ses églises et son monastère, relate l’histoire de Kiev, fait participer le lecteur à ses découvertes, l’invitant d’un mot : « Entrons », à le suivre à l’intérieur de la célèbre cathédrale Sainte-Sophie.
Dès son arrivée dans la ville, l’auteur y décèle une part orientale, bien qu’il s’agisse alors d’une des cités les plus occidentales de l’Empire. Comme dans l’ensemble du récit, Victor Tissot n’en tire aucune conclusion positive ou négative, il fait simplement le constat de « choses vues ».